Généalogie de :






  Anne-Noëlle LE COMPES

A l'origine, cette famille semble avoir servi les du Haffond dans leur manoir de Lestriagad, probablement en travaillant leurs terres à moins que ce ne soit dans la domesticité du domaine. Cette implantation dans un village côtier a donné l'occasion ensuite à un le Compes de devenir pêcheur à une époque où cette activité offrait sans doute de meilleurs débouchés que le travail de la terre. Cette profession transmise ensuite de père en fils a peut-être déclenchée les alliances ultérieurs d'Anne-Noëlle avec Jean-Etienne le Gars, aussi pêcheur, puis celles de leur fille avec Jacques Coic, aussi pêcheur, et celle de leur petite-fille Marie-Louise Coic avec Eugène Stephant, fils de pêcheur. Ainsi la filiation, la géographie du lieu et le milieu social s'entremêle t-ils étroitement sur plusieurs générations avant les grands brassages de population de la fin du XXe siècle. La lignée des marins est ininterompue depuis le milieu du XVIIIe siècle ce qui fait de cette famille une des plus anciennes de Lechiagat dans cette profession. De manière criante les hommes de cette lignée ont été marqués par la guerre cumulant 40 de service dans la marine sur seulement 3 générations.




Génération 4:
Anne-Noëlle LE COMPES  X Jean-Etienne LE GARS
  Naissance : 29/04/1858 Treffiagat
  Mariage : 19/07/1879 Treffiagat
  Décès : 09/08/1951 Treffiagat
  Profession : cultivatrice




Génération 5:
Fiacre LE COMPES  X Marguerite LE BOURRHIS
  Naissance : 09/10/1817 Treffiagat
  Mariage : 26/11/1849 Treffiagat
  Décès : 14/10/1869 Treffiagat
  Profession : marin pêcheur à Lechiagat
* Blond aux yeux bleus d'un mètre soixante neuf au front haut, au nez long, à la bouche moyenne, aux sourcils blonds, au visage ovale  et au menton rond. Il épouse d'abord Louise Riou le 31 janvier 1844. Il fait la pêche à Douarnenez sur la Marie-Anne (chaloupe N°263) du 16 août au 15 novembre 1836. Il fait une période de 3 ans dans la Royale sur la frégate La Didon d'août 1840 à mai 1843 (en faisant verser le tiers de sa solde à ses parents).Le 24 novembre 1841 il part pour le Sénégal depuis Toulon pour y transporter 450 soldats des troupes de marine. Il est rappellé à Brest en mai 1850 et affecté sur Le Valmy sur lequel il va passer 5 ans jusqu'au 1er avril 1855 (solde déléguée à sa femme). Le Valmy est le dernier trois-ponts à voile de la marine (les autres seront motorisés). C'est le plus gros navire à voiles jamais construit en France (à Brest) se qui n'était pas sans poser problème par petit temps quand les voiles devaient tirer cette masse avec une certaine peine et une manoeuvrabilité amoindrie. Le Valmy transportait 116 canons dont certains disposés de manière à tirer en proue et en poupe. Quand il met le pied sur Le Valmy, celui-ci se trouve à Toulon ce qui signifie que Fiacre a dû rallier son navire sur un autre bâtiment. Normalement Vincent, en tant que père de famille, n'aurait pas dû être levé mais les autres catégories mobilisables ne suffisaient pas apparemment pas. Peut-être parce que Le Valmy, qui vient d'être construit, provoque un appel de 1089 hommes d'un seul coup pour composer son équipage. Fiacre commence par une croisière avec son nouveau bateau entre Naples, Tunis et Cherbourg de concert avec Le Jupiter. Le 26 août 1851 l'escadre de la Méditérranée (dont Le Valmy fait partie) mouille à Alger probablement lors de manoeuvres mais cette sortie révèle des problèmes graves car le navire est désarmé pour modification 11 jours plus tard ! sa tenue à la mer est mauvaise... Cette promenade a dû être l'occasion pour Fiacre de se familiariser avec la mâture du navire qui culmine quand même à 60 mètres.
Une fois retapé, Le Valmy emporte Fiacre vers la guerre de Crimée en commençant peut-être par une démonstration navale commune avec les anglais dans les Dardanelles lors de l'été 1853 (sans effet sur les russes). L'empire français de Napoléon III s'allie avec les anglais pour défendre l'empire ottoman assailli par l'empire russe, et, par conséquent, essayer d'affaiblir cet empire concurrent qui tente de s'étendre. Pas sûr que ce soit l'explication fournie aux matelots du Valmy pour les encourager à risquer leur peaux et pas sûr d'ailleurs qu'on leur en ait fourni une.En 1854, Fiacre navigue donc dans l'escadre d'orient sous les ordres du vice-amiral Hamelin. En 1854 on rassemble les deux escadres de l'orient et de l'océan pour appeller l'ensemble l'armée navale de la Mer Noire où elle entre avec les anglais le 3 janvier 1854. Le 27 janvier la guerre est déclarée. Au printemps, le port d'Odessa est détruit est soumis par la flotte à un bombardement intense pendant 10 heures jusqu'à destruction totale des installations russes et quasiment sans perte pour les alliés (3 morts). Jusqu'ici Fiacre a été plutôt tranquille sur Le Valmy (avec sans doute même des périodes à terre lors des réparations) mais cette fois des ennuis graves l'attendent. L'ennemi le plus redoutable pour Fiacre ne sera pas le grand empire russe mais le petit virus du Choléra qui se déclare parmi les équipages et fait rapidement des ravages. Il suffit d'imaginer la promiscuité à bord des navires pour comprendre la redoutable efficacité de l'épidémie : sur les 13000 hommes d'équipages il en meurt 663 dont 119 sur Le Valmy entre le 7 et le 13 août 1854. Le taux de mortalité sur le navire de Fiacre avoisine les 11% alors que moyenne n'est que de 5%. Le Choléra sévit aussi à terre mais avec moins d'efficacité que sur les bateaux qui sont de loin les plus touchés. On sait que Fiacre s'en est tiré mais pas s'il a été malade, pour lui l'épreuve a dû être redoutable de toutes façons. Le 2 août 1854, Le Valmy est à Varna (Bulgarie) qui sert de base arrière à l'armée, il débarque 70 hommes atteint du Choléra pour être soignés à terre sous des tentes mieux ventilées que l'infirmerie du bord. Les morts sont également enterrés à terre et ce sont les hommes d'équipage qui creusent les tombes de leurs camarades car il est impossible de trouver des ouvriers locaux qui acceptent de la faire. Dégâts colatéral pour les populations locales : la flotte participe à la propagation de l'épidémie en Grèce et en Bulgarie. Le 14 septembre Fiacre est à Sébastopol où commence le débarquement du corps expéditionnaire. La victoire de l'Alma 6 jours plus tard oblige les russes à s'enfermer dans Sébastopol qui est assiégée par les alliés. La flotte reçoit l'ordre de bombarder la ville. Pas de chance, une tempête énorme ravage la flotte le 14 octobre, que les bâtiments soient au mouillage ou sous voiles, ils souffent d'avaries graves notamment du côté du gouvernail. Après ça il en reste 6 sur 18 en bon état. Le Valmy subit de grosses avaries mais ça ne l'empêche pas d'emmener ses 120 canons au bombardement de Sébastopol qui a lieu 3 jours plus tard.Mais les résultats sont décevants. Les russes sont équipés d'une arme qui va sonner la fin des navires en bois : les obus explosifs. Ils déchirent les coques en bois avec une facilité déconcertante et Le Valmy, qui est la plus grosse cible de la flotte et son navire amiral, ne manque pas d'être touché. Bilan : 139 morts et 157 blessés. La leçon est bien comprise et la flotte ne reviendra pas devant Sébastopol mais les marins si ! une partie d'entre eux est débarquée à terre avec leurs canons pour renforcer l'artillerie. N'étant pas canonnier comme son grand-père, Fiacre ne semble pas concerné (d'après les registres de l'inscription maritime en tout cas). Sébastopol tombe le 12 septembre 1855 mais Fiacre n'y est plus, il a été débarqué et congédié le 1er avril. Le 25 octobre 1858 il est décoré d'une médaille et pourvu d'un brevet pour son action en Crimée (probablement la médaille distribuée par la reine d'Angleterre à tous les combattants). Fiacre totalise 94 mois de service à l'état soit presque 8 ans. Il va passer toutefois bien plus longtemps à son métier de pêcheur en totalisant  300 mois et 8 jours soit 25 ans de présence effective dès l'âge de 12 ans jusqu'à l'âge de 50 ans. Il est déclaré hors service plutôt jeune (alors qu'il était devenu patron d'une chaloupe) ce qui laisse penser à un problème de santé corroboré par son décès 2 ans plus tard. Son service à la pêche est scrupuleusement noté dans les registres de l'inscription maritime recopiés ci-dessous :


Du 1er janvier au 21 décembre 1830 à la pêche comme mousse sur le canot le Saint-Charles rôle N°5
Du 1er janvier au 29 août 1833 sur le saint-Charles rôle N°4 comme mousse
Du 1er septembre au 15 novembre 1833 pêche à Douarnenez comme mousse sur la chaloupe la Marie-Hélène rôle N°226
Le 18 décembre 1833 passe novice à 18
Du 1er janvier au 23 août 1836 à la pêche sur le canot le saint-Charles rôle N°22
Le 16 août 1836 à Douarnenez sur la chaloupe de pêche la Marie-Anne rôle N°263
Le 15 novembre 1836 débarqué
1837 pêche sur le canot Marie-louise patron Riou N°49
Du 1er août au 30 novembre 1837 pêche à Douarnenez sur la chaloupe la Sainte-Marie capitaine Jacq Denis rôle N°148
Du 9 février 1838 au 30 août et du 26 décembre 1838 au 15 août 1839 sur la Marie-Louise patron Riou
Du 1er septembre au 11 novembre 1838 à Douarnenez sur la Sainte-Marie patron Jacq rôle N°13
Du 20 février 1839 embarqué sur la Marie-Françoise patron Tirilly rôle N°52
Du 20 août au 20 novembre 1839 à Douarnenez matelot sur la Suzanne patron Jacq rôle N°6
Du 23 août au 16 novembre 1843 à la pêche à Douarnenez sur la Suzanne patron Macé rôle N°388
Du 22 janvier 1844 au 24 août 1844 sur le canot la Marie-Louise patron Riou rôle N°6
Du 25 août au 19 novembre 1844 sur la Suzanne patron lui-même à Douarnenez rôle N°41
Du 30 janvier au 4 septembre 1845 sur la Marie-Jeanne patron Criquet rôle N°13
Du 11 décembre 1845 sur la Marie-Louise patron Riou rôle N°14
Du 6 septembre au 10 août 1846 à Douarnenez sur la Suzanne rôle N°53
Du 10 décembre au 9 février 1847 idem rôle N°6 continué à partir du 10 février rôle N°8
Le 21 août 1847 débarqué
Le 14 janvier 1848 rembarqué
Du 24 août 1848 au 7 novembre Douarnenez sur la Marie-Françoise rôle N°15
Du 10 février 1848 au 6 septembre 1849 sur la Marie-Louise rôle N°11
Le 5 septembre 1849 congédié
Du 10 septembre au 15 octobre 1849 à la pêche à Douarnenez sur la chaloupe la Marie-Françoise rôle N°17 de Douarnenez
Le 6 décembre 1849 à la pêche sur la Marie-Louise rôle N°11
Le 23 février 1850 continue rôle N°20
Le 25 mai 1850 débarqué, levé pour le service
Du 12 avril 1855 au 25 juin 1855 à la pêche sur la Marie-Anne rôle N°62 de Quimper
Du 26 juin 1855 au 16 août 1855 sur le rôle N°58 de Quimper
Du 2 septembre 1855 au 7 janvier 1858 sur le rôle N°60 de Quimper
Du 24 février 1858 au 25 juin 1858 pêche sur la Marie-Anne rôle de Quimper N°69
Du 26 juin 1858 au 25 juin 1859 pêche sur la Marie-Anne rôle N°62 de Quimper
Du 26 juin 1859 au 25 juin 1860 pêche sur la Marie-Anne rôle N°60 de Quimper
Du 26 juin 1860 au 23 août 1860 pêche sur la Marie-Anne rôle N°62 de Quimper
Du 8 septembre 1860 au 27 juillet1861 idem
Du 1er septembre 1861 au 5 novembre 1861 pêche à douarnenez sur la Sophie rôle N°141
Du 3 février 1862 au 25 juin 1862 pêche sur la Marie-Anne rôle N°62 de Quimper
Du 26 juin 1862 au 4 août 1862 pêche sur la Marie-Anne rôle N°66 de Quimper
Du 12 septembre 1862 au 9 novembre 1862 pêche sur le Requin rôle N°453 Douarnenez
Du 19 janvier 1863 au 18 janvier 1864 pêche sur la Marguerite rôle N°5 de Quimper
Du 19 janvier 1864 au 18 janvier 1865 pêche sur la la Marguerite rôle N°6 de Quimper
Du 19 janvier 1865 au 8 octobre 1867 pêche sur la Marguerite patron lui-même rôle N°16 de Quimper
Le 9 octobre 1867 passé aux hors de service





Génération 6:
Fiacre LE COMPES  X Anne CRIQUET
  Naissance : 15/11/1791 Plomeur Pourrierun
  Mariage : 28/06/1816 Treffiagat
  Décès : 28/02/1867 Lechiagat
  Profession : marin pêcheur

  Habite Lechiagat lors de son mariage. Il se remarie avec Anne l'Henoret. Il pêche avec son père sur la chaloupe La Marie-Josephe en 1826 de janvier à novembre puis à Douarnenez avec lui encore sur La Marie-Jeanne (mais il reste jusqu'au 31 décembre). Il pêche ensuite surtout sur le canot Le Saint-Charles avec des campagnes à Douarnenez sur la Marie-Josephe puis d'autres navires jusqu'en 1850 comme détaillé ci-après :

Du 1er janvier au 30 août 1826 à la pêche sur la Marie-Josephe
Du 31 août au 27 novembre 1826 idem
Du 30 novembre au 31 décembre à Douarnenez sur la chaloupe la Marie-Jeanne rôle N°298
Du 1er janvier au 11 août 1827 sur la chaloupe la Marie-Bonne-espérance rôle N°86
Du 16 août au 25 novembre 1828 sur le canot le Saint-Charles
Du 1er janvier au 15 août 1828 à douarnenez sur la chaloupe la Sainte-Marie rôle N°260
Du 26 novembre au 31 décembre 1828 idem
Du 1er janvier au 9 août 1829 sur le canot le Saint-Charles rôle N°5
Du 1er septembre au 30 novembre 1829 sur le canot le Saint-Charles rôle N°9
Du 1er janvier au 2 septembre 1830 sur la chaloupe la Marie-Josephe rôle N°295 à Douarnenez
Du 2 septembre au 15 novembre 1830 idem
Du 1er janvier au 31 août 1831 sur le Saint-Charles rôle N°4
Du 1er septembre au 15 novembre 1831 sur la chaloupe la Marie-Josephe à Douarnenez
Du 1er janvier au 31 août 1832 sur le Saint-Charles rôle N°2
Du 1er septembre au 15 novembre 1832 sur la chaloupe la Marie-Josephe à Douarnenez
Du 1er janvier au 29 août 1833 sur le Saint-Charles rôle N°8
Du 1er septembre au 15 novembre 1833 sur la chaloupe la Marie-Anne N°225 à Douarnenez
Du 20 avril au 20 août 1836 sur le Saint-Charles rôle N°25
Du 16 août au 15 novembre 1836 sur la chaloupe la Marie-Anne rôle N°269 de Douarnenez
Le 1er septembre 1838 embarqué matelot à Douarnenez sur la Sainte-Marie patron Jacques ? Rôle N°15
Le 11 novembre 1838 débarqué
Du 20 août au 20 novembre 1839 matelot à Douarnenez sur la Suzanne patron Jacq Denis rôle N°6
Du 18 août au 10 novembre 1840 idem rôle N°5
Du 14 mars au 12 août 1841 sur la Marie-Louise N°47
Du 17 février 1842 au 20 août 1842 sur la Marie-Louise N°2
Du 22 août au 10 novembre 1842 sur la Suzanne de Douarnenez rôle N°279
Du 2 avril au 25 août 1843 sur la Marie-Louise rôle N°6
Du 23 août au 16 novembre 1843 sur la Sainte-Marie à Douarnenez rôle 387
Du 17 février 1844 au 24 août 1844 sur la Marie-jeanne rôle N12
Du 1er septembre 1844 au 19 novembre sur la Suzanne Rôle N°41 à Douarnenez
Du 30 janvier 1845 au 21 février 1845 rembarqué sur la Marie-jeanne rôle N°7
Le 4 septembre 1845 débarqué
Du 6 septembre au 29 novembre 1845 à douarnenez sur la Suzanne rôle N°53
Du 12 au 24 février 1846 rembarqué sur la Marie-Jeanne rôle N°15
Le 8 août 1846 débarqué
Du 17 août au 15 novembre 1846 à douarnenez sur la Suzanne rôle N°407
Du 4 mars au 21 août 1847 sur la Marie-Jeanne rôle N°21
Du 24 août 1847 au 27 septembre 1847 sur le Général Foy N°529
Du 28 septembre 1847 au 17 novembre 1847 à Douarnenez rôle N°532
Du 16 janvier au 26 août 1848 sur la Marie-Jeanne
Du 29 août 1848 au 15 novembre 1848 sur la Joséphine de Douarnenez rôle N°351
Du 24 mars 1849 au 25 octobre 1849 sur la Marie-Jeanne rôle N°23 de Quimper
Du 28 avril 1850 idem
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Génération 7:
Vincent LE COMPES X Anne LE DIASCORNE
 
Naissance : 20/03/1761 Plomeur
  Mariage : 10/05/1784 Plomeur
  Décès : 05/08/1848 Guilvinec
  Profession : marin
* Il se remarie avec Jeanne Le Roux en 1822.
Il est enrôlé par la marine le 4 juin 1779 et incorporé dans la 1ère compagnie, 3e brigade des apprentis canonniers à Brest où il reste jusqu'au 3 mars 1781. A cette époque son père a aussi été appellé à Brest un peu avant lui ; on peut se demander si celui-ci n'a pas décidé pour lui d'une carrière militaire car, à 18 ans, il est encore mineur. La guerre d'Amérique battant son plein il y est envoyé sur le Magnanime vaisseau de 74 canons dans l'escadre de l'amiral De Grasse, sa campagne est racontée dans ce fichier. Au retour, il reste 2 mois à Brest (affecté sur La Provence) puis retourne chez lui pour 5 ans avant d'être rappellé à nouveau pour 2 mois sur la frégate La Gentille en 1787. Il repart le 16 novembre 1792 comme aide-cannonier sur la frégate La Blonde mais n'y reste que jusqu'en mars 1793 ; à peine l'a t-il quittée qu'elle repart en mission et se fait capturer par les anglais... son nouveau vaisseau s'appelle La Convention où il exerce la fonction de canonnier. Il est commandé par un capitaine de navire négrier du nom d'Allary, précipité aux commandes d'un navire de guerre comme d'autres incapables du même acabit par la volonté de Jeanbon Saint-André représentant en mission à Brest et "emmerdeur" de première pour les stratèges de la flotte qui sont forcés de lui obéir. La France attaquée de toutes part manque de nourriture et affrète un convoi d'une centaine de navires, remplis de blé, qui part des Etats-Unis pour la ravitailler. Evidemment la traversée est impossible sans escorte militaire car le convoi est une proie extraordinaire pour la flotte anglaise et La Convention est engagé dans cette mission au sein d'une escadre de 26 vaisseaux commandés par Villaret de Joyeuse (surveillé de près par Jeanbon Saint-André dont le poil se hérisse probablement au simple énoncé d'un nom à particule). A 400 miles nautique d'Ouessant, le 28 mai 1794, 25 vaisseaux anglais attaquent l'escadre sous la conduite de l'amiral Howe (qui lui n'a personne pour le surveiller). Celui-ci a décidé d'intercepter le convoi près de la France et d'engager la flotte française qu'il sait stationnée dans la rade de Brest faisant ainsi d'une pierre deux coups. Les français jouent d'abord de chance puisqu'ils sortent de Brest dans le brouillard, évitent les anglais et tombent sur un convoi hollandais (ennemi donc..) de 53 navires qu'ils capturent en partie. Howe croise aussi ce convoi qui le renseigne et le lance à la recherche des français. Le 28 mai le combat commence par une poursuite des français par 4 vaisseaux de 74 canons anglais qui finissent par engager le combat avec l'arrière dans la soirée ce qui se solde par match nul de 1 vaisseau endommagé partout (Le Révolutionnaire et L'Audacious). Le lendemain les français attaquent et le combat qui suit est âpre mais reste à l'avantage des français qui reste maître de la mer le soir. Le brouillard empêche de poursuivre pendant deux jours. Le 1er juin les anglais attaquent, les français manoeuvrent mal et le navire amiral est mis en péril par 6 anglais dont il arrive à se dégager pour se lancer au secours de son arrière-garde. La manoeuvre est censuré par le représentant en mission qui donne l'ordre de battre en retraite et d'abandonner 6 navires aux anglais plus Le Vengeur qui coule après avoir refusé de battre en retraite. Les combats sont acharnés et à courte portée au point que les fusillers peuvent tirer sur l'ennemi d'un navire à l'autre. Malgré le boulet qu'on lui a mit au pied, l'amiral réussit à réduire les dégats bien que de nouveau attaqué sur son centre et son arrière-garde (et même se fait tirer dessus par Le Jacobin). Il va réussir à attaquer le navire amiral anglais (et à empêcher ses hommes de tirer sur Le Jacobin). Le combat est finalement une défaite mais le convoi de ravitaillement tellement espéré a profité de la bataille pour se faufiler dans Brest au nez et à la barbe des anglais. 8 vaisseaux anglais sont endommagés contre 13 français et 7 perdus, avec 1654 morts français, 1000 blessés et 4000 prisonniers contre 287 morts anglais et 211 blessés. Comment Vincent a t-il échappé au massacre ? tout simplement parce que son vaisseau était à l'avant-garde qui n'a pas été attaquée par Howe et aussi, peut-être, parce que son commandant n'a pas tenté grand chose pour participer à la bataille (bien qu'il semble quand même avoir engagé le combat avec le Caesar et le Bellerophon)... il sera cassé de son commandement et arrêté à son retour à Brest. Il est parfois bon pour la santé d'être commandé par un lâche. Les décisions prises par la révolution n'étant pas très éclairées, il était bon d'avoir de la chance et Vincent va continuer d'en avoir pendant que les ordres d'en haut vont continuer d'être suicidaire. On décide en effet d'attaquer les anglais en lançant la flotte en plein hiver dans le golfe de Gascogne (est-il besoin de préciser que la plupart des officiers sont des novices à la guerre après les purges dans la marine et que les navires sont en mauvais état faute de matériaux pour les réparer convenablement après les derniers combats?) dans ce qui va s'appeller "la croisière du grand hiver".  A peine sorti de Brest, le 24 décembre 1794, un 3 ponts de 110 canons s'échoue au milieu du goulet pendant que les autres navires s'acharnent à éviter de s'aborder les uns les autres dans le gros temps. On s'arrête quelque jours... et on repart (le 110 canons s'est disloqué.. seulement 10 morts). Il faut peu de temps pour que deux 74 canons soient en perdition et tentent de regagner la côte. L'un d'eux trouvera refuge à Saint-Malo ce qui n'était pas vraiment la route (les matériaux pour le réparer arriveront trop tard...). Les anglais eux naviguent sans problèmes. Une de leurs frégates hisse le drapeau français et navigue avec l'escadre puis son commandant, qui parle la langue, taille une bavette avec un français qui lui révèle une partie de la tactique (la théorie en tous cas). Une autre frégate ira se balader dans la rade de Brest pour confirmer.. Pendant ce temps les français perdent un autre 74 canons qui prend l'eau et doit s'échouer pour ne pas couler (50 morts quand même) puis un 80 canons qui coule, suivi d'un autre 80 canons et d'un 74 canons. Vient alors le tour de Vincent car La Convention donne à son tour des signes de faiblesse. C'est là que l'on reconnait sa chance car ce n'est qu'un problème de gouvernail (il quitte le navire !) qui va contraindre le vaisseau à se faire remorquer jusqu'à Lorient (ouf !). Pendant ce temps là on perd un autre 110 canons qui rentre tellement endommagé qu'il faut le jeter.  En parlant de chance, Vincent a évité un autre désagrément en 1794 lorsque Robespierre décide de dissoudre les canonniers de la marine pour éviter les garnisons permanentes qui lui semblent propre à se retourner contre lui un jour. Beaucoup des canonniers ainsi dissous vont être envoyés en Vendée, mais pas Vincent (peut-être parce qu'il ne pouvait pas être partout...). s'en est fini des aventures de Vincent sur ce navire. Il n'en descend qu'en 1796 mais il ne semble pas être beaucoup sorti avec. A la fin mai 1796 Vincent est signalé à la pêche à Douarnenez mais il rempile très vite en juin comme canonnier sur la corvette Le trois couleurs. Cette fois son service conjugue en même temps la rapidité et la chance car on ne comprend pas trop comment il s'en sort... Sa corvette de 14 canons sort en effet de Brest dans la nuit du 10 juin 1796 (alors qu'il y est monté la veille seulement) avec une autre corvette (la Betzy) sous le commandement du capitaine Nazereau (un vrai combattant cette fois) mais elle tombe très vite sur 6 frégates anglaises qui les pourchassent. Les deux vaisseaux sont capturés. Normalement il aurait dû être fait prisonnier et ramené en Angleterre pour aller croupir sur les pontons mais ce n'est pas le cas (mais c'est le cas pour son commandant !). L'hypothèse la plus plausible est qu'il n'était pas réellement à bord contrairement à la mention sur son registre matricule. Il peut avoir raté l'embarquement pour quelque cause que ce soit ou bien avoir été dispensé de service au dernier moment car son registre mentionne, en 1796 aussi, qu'il est porté hors de service pour avoir présenté un extrait de naissance constatant qu'il est né le 21 mars 1752 à Plomeur (cette naissance n'existe pas...). Il se serait donc vieilli de 9 ans en présentant un faux... Si c'est une ruse elle marche pendant 4 ans mais la république devient le consulat et il est affecté à nouveau le 1er mai 1800 comme aide-canonnier sur la frégate La Désirée. Là encore Vincent va faire preuve d'un sens incroyable de la survie. La Désirée se trouve à Dunkerque, c'est une frégate bombarde portant 24 canons, un four à boulets rouges et un mortier ce qui la rend lourde et difficile à manoeuvrer sans compter le danger que représente pour elle son four à boulets rouges. Elle doit partir pour Flessingue au coeur des Pays-Bas. Il est bien difficile de dire si Vincent a réellement fait le voyage jusqu'à Dunkerque où il aurait pu alors apprécier la qualité toute relative du navire et appris qu'il devait partir pour Flessingue. Il aurait probablement estimé qu'il avait assez servi et n'aurait sûrement pas été rassuré par le contexte (un navire bancal, un long voyage le long des côtes de l'Angleterre et une marine désorganisée qui a beaucoup de mal à payer ses matelots). Plus simplement, il n'a sans doute jamais pris la route. en tout cas il est porté déserteur le 16 juin. Un mois plus tard, un commando anglais effectue un raid sur La Désirée, toujours au mouillage à Dunkerque, et en extermine l'équipage. On ne lui tient pas trop rigueur de sa désertion puisqu'il reprend du service le 7 août de la même année comme aide-canonnier sur Le Marengo où il va rester jusqu'au 23 avril 1801. Ce navire n'est autre que le nouveau nom du vieux La Convention qu'il connaît bien pour avoir fait la "grande croisière d'hiver" avec lui ! Pas rassurant d'être affecté sur un vieux navire avec lequel ont a failli couler 6 ans plus tôt. Heureusement pour lui, il semble que le navire n'aille pas bien loin. Il finira d'ailleurs sa vie à Brest comme ponton prison un peu après que Vincent l'ai quitté. Vincent passe ensuite 6 jours en avril 1801 sur le bateau canonnier N°18 puis est affecté sur Le Jemmappes jusqu'au 13 décembre 1801.Les opérations navales cette années là sont limitées à la défense des côtes, la flotte française n'ose plus sortir et tente seulement d'éviter les incursions anglaises sur le territoire. C'est ainsi que des bateaux canonniers sont échelonnés de Brest à Dunkerque (le 18 semble être un bateau de Dunkerque auquel Vincent aurait échappé de nouveau). Le Jemmappes, vaisseau de 80 canons (le plus gros sur lequel Vincent ait servi) reste inactif sur la rade de Brest. 22 ans après son arrivée chez les apprentis canonniers il est libéré définitivement à l'âge de 40 ans. Bien entendu il reprend son métier de marin-pêcheur et on retrouve sa trace à partir du 1er janvier 1826 sur la chaloupe La Marie-Josephe pendant toute l'année (sauf septembre et octobre sur La Marie-Jeanne qui correspond probablement à une campagne à Douarnenez). Il prend à nouveau du service de janvier à août 1829 sur La Marie-Josephe puis à Douarnenez sur La Sainte-Marie jusqu'à fin novembre. L'année 1830 se passe de la même manière sur la Marie-Josephe jusqu'en septembre mais sans campagne d'automne à Douarnenez et il passe toute l'année 1832 sur ce même bateau ainsi que l'année 1833, dernière année de pêche connue pour lui, à l'âge de 72 ans. Il va recevoir une dernière fois des nouvelles de la marine le 27 novembre 1835 quand il obtient une demi-solde de 18 livres cinquante par mois avec effet rétroactif au 1er janvier. Il était temps ! il a 74 ans et va profiter de cette rente jusqu'à 87 ans après avoir connu 3 révolutions, le règne des bourbons, l'empire et deux républiques.




Génération 8:
Vincent LE COMPES  X Barbe TANNIOU
  Naissance : vers 1736
  Mariage : 21/04/1760 Plomeur
  Décès : 15/12/1803 Lechiagat
  Profession : marin
* Du 24 juillet au 11 octobre 1763 il est embarqué à bord de L'Actif vaisseau de guerre de 64 canons commandé par Thomas D'Orves. Ce vaisseau est chargé d'une mission d'aller-retour vers la Guadeloupe dans un contexte de paix entre la France et L'Angleterre (depuis la signature du traité de Paris en février 1763 qui met fin à la guerre de sept ans). Ils restent cependant bien des dangers lors de ce genre de voyage sur un navire en fin de vie (il fait son dernier voyage) qui rentre tout juste d'un périple mortel pour de nombreux hommes de son équipage atteints par une épidémie. Il s'agit de la dernière des 4 campagnes qu'il a mené sur les vaisseaux du roi ce qui signifie forcément qu'il a participé à la guerre de sept ans. Malheureusement les registres de la marine sont muets sur le nom des vaisseaux sur lesquels il était pendant ces trois campagnes. Il est ensuite rappellé à Brest le 1er janvier 1778 et il y reste jusqu'en 1779 sans embarquer (cette fois c'est la guerre d'indépendance américaine qui commence). Il est rappellé à nouveau le 25 février 1780 pour n'être congédié qu'en 1783 alors qu'il était second maître sur le Duc de Bourgogne. Au total il a pu rester une dizaine d'années au service... Son embarquement sur le Duc de Bourgogne va l'entrainer dans la grande aventure de la libération de l'Amérique ce qui est raconté dans ce fichier. Le 15 thermidor an 8 il habite Lechiagat et se trouve co-héritier de sa mère en compagnie de Thomas Quintin de Penmarch (dont elle était la tante maternelle) et d'Alain Tanniou mari de feu Marie Compes, sa soeur, pour une portion d'immeuble située à Leach Keraudraou aux issues de Kerity Penmarch que le second achète pour 15 francs aux deux autres.




Génération 9:
Corentin LE COMPES X Anne LE SANT
  Naissance : vers 1692
  Mariage : 21/06/1723 Treffiagat
  Décès : 28/07/1742 Treffiagat
  Profession :
* Marie-Thérèse du Haffond de Léchiagat est témoin du mariage, et l'un des enfants du couple a pour parrain et marraine Yves René Perrault de Kerolivier et Marie Thérèse Perrault du Haffond de Lestriagad. Il n'était pas rare que les nobles soient présents aux grandes occasions vécues par les familles à leur service et on devine alors que Corentin devait vivre sur les terres proches du manoir du Haffond si ce n'est sur les lieux mêmes.